Bordeaux : Un jeune migrant jugé pour atteinte sexuelle
- romaneguignard
- 5 févr. 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 mars 2019

Un jeune migrant jugé ce mercredi 23 dans le cadre d’une comparution immédiate pour « atteinte sexuelle » devant le tribunal correctionnel de Bordeaux.
A la barre, Djibril, 22 ans, cheveux tressés, peau mate et veste de survêtement. Il est le deuxième prévenu à comparaitre devant le tribunal.
Le juge énonce les faits : « Il vous est reproché d’avoir commis une atteinte sexuelle, consistant à frotter votre sexe contre les fesses de la victime jusqu’à éjaculation». La victime, c’est Maé, une jeune femme. Le soir de cette « agression » ou « atteinte » sexuelle, tel est le débat entre avocat et procureur, Maé se trouvait dans le bar dansant « Barberousse » place de la Victoire à Bordeaux. «Vous l’avez repoussé une première fois, puis une deuxième, et vous avez ensuite constaté une tâche au niveau de vos fesses sur votre pantalon. » Djibril debout, à la barre, reste stoïque.
Le juge rappelle les faits, ainsi que les déclarations de la victime et celles du jeune homme. Il faut se concentrer pour comprendre ce que dit Djibril. Il bégaye, parle vite et présente un fort accent : « J’ai un problème d’éjaculation précoce, ce qui fait que j’éjacule très vite ». Premier faux pas. Son avocate, s’enfonce dans sa chaise. Elle semble, au même moment que l’audience, découvrir cette ligne de défense, que Djibril vient de d'énoncer. Il continue : « J’ai commencé à danser avec les gens et puis j’ai collé Maé - Vous l’appelez par son prénom? - Ben vous avez dit…- Mais vous ne la connaissez pas ? -Non. » Deuxième faux pas. « Alors que s’est-il passé ? - Je me suis dit il faut danser, profiter sans forcer qui que ce soit ». A travers l’attitude du prévenu, nul ne peut ignorer cette maladresse, cette déconnexion, Djibril parait totalement perdu.
Cela s'explique par son passé. Migrant, arrivé à 17 ans en France. « Il a réussi à se faire une place dans la société Française, et vous savez comme c’est difficile monsieur le juge » clame son avocate.
Le juge poursuit : « Vous comprenez qu’au vu du prochain dossier, je peux croire que ce qu’elle dit est vrai ? -Pas forcément ». Le prochain dossier, c’est Léa. Même prévenu, même affaire, mais une victime et un lieu différent. Cette fois : le tramway. Le juge questionne « Comment expliquez-vous que ça ne vous arrive que sur des jeunes femmes et non pas sur des hommes ? - Ça m’arrive... quand je suis serré et que je pense à autre chose » prétend Djibril. Il paraît ailleurs. L’avocat de la partie civile dénonce : « Il se perd dans ses histoires », «Il ne reconnaît pas les faits, prétend qu’il a un sperme magique qui se retrouve directement sur le vêtement de ma cliente ». L’avocate du prévenu rétorque : « À aucun moment Djibril a voulu commettre un acte sexuel avec elle. Il n’a pas réussi à gérer ses émotions ».
Pourtant la procureure rejoint l’avocate de la partie civile : « Il faut arrêter de se moquer du tribunal et assumer ses actes ». Djibril secoue la tête. « Ce problème d’éjaculation précoce ça sort aujourd’hui, ça n’apparaît nulle part » accuse la procureure. « Pourquoi ne l’avez-vous pas signalé lors de l’expertise psychiatrique durant votre garde à vue ? » reconnaît le juge. « Il ne me l’a pas demandé » affirme Djibril. Il se touche les mains.
L’audience se termine : « Je suis vraiment désolé, je n’ai pas su gérer mes émotions ». La décision de justice tombe : le prévenu est reconnu coupable pour les deux affaires, condamné à 1 an d'emprisonnement avec sursis. Ainsi qu'une mise à l'épreuve pendant 3 ans suivie de 1 700 euros de dommages et intérêts.
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