UNE JOURNÉE AVEC UN HUISSIER DE JUSTICE
- romaneguignard
- 8 mars 2019
- 3 min de lecture

REPORTAGE. Une journée passée aux cotés d’huissiers de justice. Observation d’un métier qui souffre d’une image négative, et qui ne s’avère pas aussi difficile qu’il ne parait.
« C’est un métier où il faut toujours rester vigilant ». A 52 ans, Frédéric Toulat, huissier de justice depuis 21 ans, témoigne que « ce qu’on dit sur les huissiers de justice n’est pas toujours vrai ».
Il est important de rappeler la définition exacte de cette profession. Un huissier de justice est un officier ministériel chargé de procéder aux significations, c'est-à-dire à la remise aux parties des actes de procédure, des décisions de justice. Il est également chargé de l'exécution des décisions de justice. Il peut enfin procéder à des constats susceptibles de servir d'éléments de preuve à l'occasion d'un procès.
« Ce métier ne m’ennuie pas et ne m’ennuiera jamais »
Frédéric, débute en 1998 dans une petite étude, dont il est le patron. C’est en 2012 qu’il décide d’agrandir son étude et de s’associer à trois autres confrères. « J’ai toujours plaint les gens qui se lèvent le matin et qui redoutent leur journée de travail Qu’elle soit difficile ou légère, je suis toujours d’attaque pour ma journée, ce n’est pas une corvée du tout et heureusement pour moi ».
En effet, dans ce métier on ne semble pas s’ennuyer.
9 heures. Rendez-vous dans la zone artisanale de Peujard au bord de la nationale 10, où se trouve la salle des ventes de l’étude d’huissier, basée à Libourne.
Avant que la vente ne débute, les clients venus des quatre coins de la France : Toulouse, Albi, Bordeaux.. Viennent pré-visionner, le matériel vendu. Toutes sortes de matériaux, outillages, meubles, objets d’arts. Les clients peuvent également demander à essayer les voitures, qui sont souvent présentes lors des ventes aux enchères.

10 heures. La vente aux enchères commence. Frédéric, assure aussi le rôle de commissaire priseur. Rôle qui fusionnera bientôt directement avec les huissiers et s’intitulera « commissaire de justice ». Il est le seul de ses confrères à animer les ventes aux enchères. Équipé d’un micro, il monte sur un petit podium qui le place en hauteur de la salle. L’air sérieux, très concentré, Frédéric, s’exprime de façon clair et rythmé. Au dessus de lui, défilent sur un grand écran, les lots en vente. Dans la salle, l’ambiance est plutôt calme. Lorsqu’elle s’agite, l’huissier les rappelle à l’ordre. Tous les regards sont rivés sur l’écran. « 110, 120 120? 130? Non on s’arrête à 130 ! » Coup de marteau. « Numéro 9 ! » Place au prochain lot.
En parallèle, un des associé enregistre à l’ordinateur les adjudications. Les clients viennent payer leurs achats, parfois en chèque, carte ou espèce.
Ensuite, une équipe de deux huissiers se chargent de répartir les lots aux acheteurs potentiels.
13 heures. Place aux « enlèvements ». Tous les biens, lots ou voitures vendus doivent être récupérés par les acheteurs.
« Ce que l’on raconte sur l’huissier n’est pas toujours vrai »
Certes, le métier peut parfois être difficile. 15 heures. Retour à l’étude. Un client arrive sur place, l’air énervé. Il demande une première fois « Débloquez moi mon compte je vous dis ! ». Son compte avait été bloqué suite à de nombreuses dettes non réglées. Peu à peu la tension monte entre lui et la secrétaire. Il finira par balancer deux ordinateurs et claviers de l’étude. Lorsque la police arrive sur place, l’individu a déjà pris la fuite. Il ne sera pas difficile de le retrouver. Frédéric porte plainte, et des poursuites seront surement engagées.

Malgré ce genre de situation, Frédéric maintient « ce que l’on raconte sur le métier d’huissier n’est pas toujours vrai. Ce sont des cas qui restent extrêmement rares, mais que l’on rencontre parfois dans l’année. » Les cas de violences restent dans cette profession, des « cas isolés par rapport à tous les autres que nous traitons tout au long de l’année » insiste Frédéric.
L’image qu’on peut avoir des huissiers est pour lui un manque de connaissance et de compréhension du métier. « Il ne faut pas imaginer l'huissier qui vient et qui prend tout. Nous sommes là pour essayer de trouver des solutions en étant le plus juste possible. » défend il fidèle à sa profession.
La rémunération, réputée généreuse pour exercer cette profession libérale est tout autant honorable : 8 090 euros mensuels en moyenne selon les chiffres 2017 de l’Union nationale des associations agréées. Néanmoins, Frédéric Toulat insiste sur le fait que « les salaires sont très variables », en soulignant qu’« un huissier qui gagne beaucoup est un huissier qui travaille beaucoup. ».
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